Vous avez déjà eu ce rêve (un peu fou) de devenir joueur professionnel de jeux vidéo, de pratiquer ce fameux sport électronique communément appelé e-sport?
Oh, cela m'a déjà traversé l'esprit... pendant une heure ou deux. Réalistement, je n'ai pas l'étoffe de ces pro-gamers, autant côté talent (surtout) que du côté des sacrifices que cela nécessite. Mais si vous êtes de ceux qui caressent ce projet avec envie et détermination, il faut savoir que cela implique, au-delà du talent, une hygiène de vie bien particulière.
Un entraînement de pro-gamer, ce n’est pas aussi facile que ce qu’on aimerait croire.
Entraînement de pro-gamer : l’horaire
Le quotidien d'une joueuse ou d’un joueur professionnel d’e-sport sera différent s'il est en pleine compétition, ou s'il est à l'étape de l'entraînement. Chose certaine à l’entraînement : outre l’aspect technique et essentiel de tout connaître de son jeu vidéo préféré, d’être au courant des mises à jour, et le fait de jouer de façon quotidienne pour garder ses réflexes, le joueur doit aussi avoir une bonne hygiène de sommeil et de vie.
Prenez la célèbre Stéphanie Harvey qui totalise 5 victoires au Championnat du monde de Counter-Strike. Elle n’est pas devenue cette grande championne du monde en ne faisant que jouer à temps plein.
« En restant assis de longues heures devant un écran sans bouger… à part les doigts, le risque de prendre du poids est important. Pour dépenser son énergie et éviter la prise de poids, il faut bouger, faire du sport, se dépenser » mentionne Miss Harvey .
Tout est dans l’équilibre
À l’entraînement, un pro-gamer peut compter entre 35 et 50 heures de jeu par semaine, selon un horaire préétabli par lui-même ou son équipe (par exemple de 17h à minuit). Mais si on joue comme ça tous les soirs pour devenir meilleur, pour viser le sommet de son art, il faut rééquilibrer les choses pendant le jour.
Après une bonne nuit de sommeil, un entraînement de pro-gamer type peut ressembler à :
- Un levé en milieu voire fin d’avant-midi ;
- Suivi d’un repas équilibré (une bonne alimentation est primordiale, tout comme une durée adéquate du sommeil) ;
- Puis d’un entraînement physique, voire d'une séance de méditation pour aider à la concentration.
Plus on avance en âge, plus ce bon équilibre de vie est essentiel dans une routine d’entraînement de pro-gamer.
Des « gaming houses » spécialisées pour l’entraînement des pro-gamers
Afin de rester concentrés, certains joueurs se coupent de toute distraction extérieure. Le danger avec cette pratique est de souffrir de solitude, d’isolement. C’est pourquoi des « gaming houses » existent, lieux où quelques joueurs peuvent cohabiter (pensons à la talentueuse équipe Rebellion de Montréal, pro du jeu Overwatch, qui avait sa « gaming house »).
Ainsi, on retire une dose de stress, d’angoisse, les gens sont tous ensemble pour discuter, échanger, se partager les tâches quotidiennes. Mais bon, ce type d’installation a un certain coût. Des entraîneurs d’e-sport peuvent aussi aider à maximiser le temps de jeu du joueur, son quotidien, être là comme support moral, encadrer le joueur pour l’aider à maintenir un rythme de vie équilibré.
Bien entendu, ces « gaming houses », les entraîneurs et ces longues heures de jeu s’appliquent essentiellement aux joueuses / joueurs professionnels, aux pro-gamers. Par un tel rythme de vie, celui ou celle qui ne vit que du e-sport peut organiser son horaire à sa guise (ou selon son équipe) et miser sur des sessions de jeu pendant la journée. De cette façon, le pro-gamer peut espérer aller au lit plus tôt en soirée, au lieu de finir sa dernière partie à minuit. Une bonne nuit de sommeil est essentielle à la performance, à la concentration du joueur. Cela s’applique à tous et toutes, bien entendu.
Moi par exemple, je suis joueur depuis toujours et j'aime passer des heures sur mes jeux préférés, mais je suis tout sauf un pro-gamer. Les jeux d’aujourd’hui sont particulièrement immersifs et il n’est pas rare de constater lors d'une partie enlevante qu’il est passé minuit. Les paupières un peu lourdes, les réflexes un peu moins aiguisés, mon chevalier à l’épée enflammée faisant face à un mur en raison du clou que je viens de piquer l’espace d’un instant dans mon salon, je dois aller au lit.
Alors oui, qu’on soit joueur pro ou non, le sommeil est ultra important. À raison : imaginez pour ces professionnels qui doivent performer jour après jour, ces immenses bourses qui sont en jeu, la pression et les commanditaires...
Quelques chiffres
Rappelons que l’âge moyen d’un pro-gamer est de 25 ans, que l’on compte près de 5000 joueurs / joueuses e-sport en Amérique du Nord et que le chiffre d’affaires mondial de cette discipline frôle le milliard de dollars. Déjà cette année, plus de 65 millions de dollars ont été remis en prix, à travers 2641 tournois (précisons que de nombreuses compétitions ont été annulées en 2020 pour les raisons qu’on connaît).
À titre d’exemple, l’an dernier, l’équipe gagnante de DOTA 2 s’est vue remettre un montant de 15,6 millions de dollars USD. De telles sommes sont attirantes pour le jeune joueur qui souhaite embrasser carrière et l’entraînement de pro-gamer.
L’avis d’un expert sur l’entraînement de pro-gamer «typique»
Selon François Savard, membre du CA de la Fédération québécoise de sports électroniques (FQSE), pour trouver réponse à la question « qu’est-ce que l’horaire d’entraînement typique d’un joueur professionnel » il est important de se demander premièrement : « est-ce qu’il y a un horaire d'entraînement typique pour les joueurs professionnels? ».
L’un des problèmes majeurs actuellement avec les sports électroniques se situe au niveau de l’encadrement. Tout d’abord, il faut comprendre que ce ne sont pas toutes les équipes à tous les jeux qui ont les ressources pour engager des entraîneurs physiques, des nutritionnistes et psychologues sportifs, etc. Les joueurs de ces équipes, ou les joueurs professionnels ne faisant pas partie d’une équipe, sont trop souvent laissés à eux-mêmes, ou ils ont des coachs qui sont d’anciens joueurs pros provenant d’une époque pas si lointaine où la norme était de jouer le plus longtemps possible, chaque jour.
Heureusement aujourd’hui, des médecins comme Gamer Doc sont présents pour aider les organisations à développer de bonnes pratiques, de conclure monsieur Savard.
Vous avez quelques questions à la suite de la lecture de cet article? Certains éléments vous font peut-être hésiter d’aller vers ce type de carrière? Je reviendrai prochainement avec un dossier complet permettant de diriger adéquatement le jeune joueur qui vise la vie professionnelle de pro-gamer. Il existe de belles formations académiques encadrées qui permettent de diriger de façon optimale les jeunes vers ce type de carrière.
Et moi là-dedans? Bah, j’ai abandonné cette idée de devenir joueur professionnel. Par contre, je tente toujours de manger de façon équilibrée (pas toujours évident), je travaille fort pour garder la forme, je joue toujours autant à mes jeux en étant éveillé et dans mes longues nuits de sommeil. Et je rêve encore parfois… que je suis un grand champion pro-gamer!