Anna et Claire adoraient leur grand-mère. Elle leur racontait les histoires les plus extraordinaires et avait un rire profond et chaleureux qui les apaisait et les sécurisait. Leur histoire préférée était celle qui parlait de la dance des esprits du ciel, lorsque le ciel s’illuminait au nord, vers le mois de mars et de septembre. Leur grand-mère leur racontait que c’était la plus belle chose du monde.
Ces lumières s’appelaient aussi des aurores boréales, et grand-mère leur racontait qu’elles brillaient de mille feux de façon si magnifique, puisqu’elles étaient en réalité l’esprit des défunts qui dansaient dans le ciel.
Elle leur raconta qu’elle aussi, un jour, danserait dans le ciel pour Anna et Claire et qu’elle souhaitait à tout prix qu’elles puissent venir l’admirer.
Anna et Claire grandirent, bien occupées avec l’école et les amis, et n’avaient donc plus tout ce temps à accorder à leur grand-mère. Elles s’assuraient toutefois d’aller la voir au moins une fois par semaine, pour manger avec elle, à l’écouter parler et raconter des histoires.
Puis, un jour, leur grand-mère entreprit son voyage pour l’au-delà. Elle était partie au paradis où elle serait heureuse et bien. Anna et Claire promirent qu’elles iraient voir les esprits du ciel danser pour que leur grand-mère puisse les voir et veiller sur elles de là-haut.
Elles savaient que pour cela, elles devaient se rendre tout au nord. Elles firent leurs démarches et préparèrent leur corps pour pouvoir accomplir cette tâche ardue, puis, au mois d’août, le temps du voyage arriva enfin.
Pendant leur périple et leur randonnée au nord du Canada, elles rencontrèrent plusieurs animaux sauvages : des caribous, des bœufs musqués et des harfangs des neiges.
Une nuit, lorsqu’elles dormaient en forêt, une meute de loup se rapprocha de leur tente. Apeurées, les filles ramassèrent des branches qu’elles allumèrent à l’aide du feu pour en faire des flambeaux, puis qu’elles balancèrent devant le visage des loups qui prirent peur et s’enfuirent.
Tandis qu’elles approchaient enfin les glaciers où elles verraient les Esprits du Ciel, où leur grand-mère avait elle-même vu les aurores boréales pour la toute première fois, elles aperçurent un énorme ours polaire. Par chance, elles portaient dans leur cœur une grande affection et un grand respect pour l’ours polaire, comme grand-mère leur avait enseigné, et donc il poursuivit sa route sans les déranger.
Puis, en début de soirée, elles arrivèrent enfin à destination. Elles firent un petit feu pour cuire leur nourriture et burent des tasses d’eau chaude pour se garder au chaud.
Tandis que le soleil traversait les lignes de l’horizon, elles commencèrent à avoir très froid. C’était la nuit la plus froide de la saison et elles commencèrent à s’inquiéter. Le ciel se fit de plus en plus sombre, et elles entendirent un gros bruit sourd au loin. Leur première pensée fut que c’était du tonnerre, mais il n’y avait pas un seul nuage dans le ciel.
Soudainement le ciel noir se rempli de longues lignes vertes, qui dansaient et ondulaient. Le bruit se fit plus important mais, lorsqu’elles comprirent finalement ce que c’était, elles cessèrent d’un coup d’avoir peur et furent remplies d’une douce chaleur.
Au même moment Anna et Claire s’écrièrent : « C’est le rire apaisant de grand-mère qui rit avec joie, à veiller sur nous avec les esprits du ciel! »
