Manger : une science
En tant que nutritionniste j’entends au quotidien parler de diète, de régime cétogène, de calories et de lbs. C’est normal, car mon travail consiste entre autres à aider les gens à perdre sainement du poids, à retrouver la forme et être au top de leur énergie.
Vous cherchez à savoir combien de grammes de protéines il faut manger, ou s’il est vrai qu’il faut éviter les pains et les pommes de terre. Vous voulez avoir des exemples de recettes santé ou encore savoir si la nouvelle diète à la mode est la bonne façon de faire.
Beaucoup m’arrivent avec des applications qui mesurent leurs apports énergétiques et les comparent à leur régime de 1200 calories et moins. La calculatrice, le pèse-aliment et le pèse-personne ont alors une place centrale dans leur alimentation et leur style de vie.
Bien manger devient de la mathématique ; une gymnastique mentale au quotidien. Réduit à de simples régimes restrictifs.
Sauf que se nourrir, c’est censé être bien plus que ça. Après tout, c’est un des comportements humains des plus complexes.
On mange pour survivre oui, mais on mange aussi pour se faire plaisir, pour passer un bon moment avec des gens qu’on aime, pour déguster de nouveaux plats et de nouvelles saveurs. Les diètes elles, ont plutôt tendance à nous isoler.
Manger : un art de vivre
Tout comme l’art de bien dormir, l’art de manger : c’est tout un concept ! À tel point que l’UNESCO a décidé de le définir et de le protéger comme étant un héritage culturel de l’humanité. Je vous explique…
L’UNESCO, c’est l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture. Elle a comme mission de coopérer à l’international pour réaliser des objectifs de développement durable et entre autres, protéger et promouvoir les cultures et leurs diversités.
Dans un contexte grandissant de mondialisation, elle a estimé que l’art de manger, de s’attabler, de prendre le temps et les coutumes qui vont avec étaient menacés. On a tendance à manger de plus en plus vite, à bâcler le moment et à être de plus en plus nombreux à suivre des diètes cétogènes ou autres régimes génériques.
En 2010, L’UNESCO a décidé de classer « le repas gastronomique des Français » comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Vous savez, les Français et leur réputation de bons mangeurs, du vin qui coule à flot et de l’ambiance bistro à la parisienne ? Eh bien, le comité de l’UNESCO l’a défini comme : « pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes » et c’est maintenant un concept protégé !
Pareil pour l’huile d’olive pressée à froid, les pieuvres qui sèchent sous un beau soleil grec ou encore des fettuccine frais et faits maison... La même année, l’UNESCO classe aussi « la diète méditerranéenne » à la liste de patrimoine et la décrit comme « un ensemble de savoir-faire, de connaissances, de pratiques et de traditions ».
Tout comme dormir va bien au-delà de juste fermer les yeux ; manger, aussi, va bien au-delà de juste ce qu’il y a sur l’assiette ! Pratiquer l’art de manger, c’est aussi profiter d’un moment de convivialité, du plaisir du goût, du partage, du terroir etc…
Je vous invite donc à résister à la culture des diètes ! Qu’avec votre initiative de devenir plus en forme, vous ne perdiez pas le plaisir de manger et de vous rassembler autour d’un bon repas convivial.
La culture de la diète démonise certaines façons de manger tout en survalorisant d’autres. Vous devenez hypervigilant à propos de votre assiette, et honteux même de faire certains choix alimentaires.
La culture de la diète vous donne l’impression que vous êtes tout « croche » et rase votre « vraie » culture.
Il est possible d’être en forme et de se faire plaisir en même temps. Il est vital de sauvegarder l’art de manger.
